Au programme cette semaine : un paquet de chiffres suite à la conférence de presse de la FEVS notamment, une expérience sur la clear ice aux résultats surprenants, l’arrivée (enfin) de règles officielles pour le « whisky japonais », et un tas d’autres actus…
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⚡ En bref
Le whisky japonais se dote enfin d’un cahier des charges ! Parmi les règles établies : l’obligation que toutes les étapes de productions se fassent au Japon, à savoir l’empâtage, la fermentation, la distillation (à moins de 95%), le vieillissement (3 ans minimum dans des fûts en bois de 700L maximum) et la mise en bouteille (à 40% vol. minimum). Le colorant caramel est également autorisé.
Le calvados cherche son ambassadeur pour le Bar Convent Berlin 2021. L’opération s’appelle #CalvaClub et est ouverte à tous les bartenders pros via instagram.
Bacardi Martini a sorti une application mobile intitulée Mix Lab (sur iOS et Android). Pensée de manière communautaire, elle contient plus de 300 recettes de cocktails et la possibilité pour les bartenders de créer leur profil, proposer des recettes et être suivis par les autres utilisateurs.
Un nouveau Starbucks Reserve a ouvert vendredi à Bangkok en Thaïlande. Sa particularité ? Il est doté d’un bar à cocktails et fait de la Thaïlande le 5e pays où la chaîne propose un menu alcoolisé, après les USA, la Chine, le Japon et Taïwan.
L’Afrique du Sud a levé une partie de ses interdictions sur la vente de vins, bières et spiritueux. Le pays avait en effet banni l’alcool le 28 décembre dernier pour faire face aux hausses de cas de COVID-19 et à ses nouveaux variants. Cette reprise ne saurait néanmoins effacer les conséquences de cette mini prohibition de 6 semaines sur l’industrie, parmi lesquelles des emplois perdus, un marché noir en augmentation, sans compter une baisse de la contribution des alcooliers en faveur de l’économie du pays (et donc du financement de vaccins, etc.).
TV
Un Top Chef version cocktails et mixologie est-il possible ? En France, avec la Loi Evin, c’est fort peu probable. Au Canada en revanche, un tournage se prépare à Calgary pour une émission intitulée Mixology Masters et dont le casting est ouvert.
France 3 a consacré un sujet à Tres Hombres, une gamme de rhum bio pour le moins jusqu’au-boutiste. Le projet est assez dingue en effet puisque les fûts de rhums sont amenés un à un en roulant jusqu’à la plage, puis chargés à la nage dans un voilier qui les transporte ensuite de la Martinique jusqu’en métropole à la seule force du vent, le tout au rythme d’un voyage par an seulement. Un rhum vraiment zéro carbone au final qui bénéficie de plus à plein de la houle au cours de son voyage.
La chaîne TV est également allée dans le Tarn à la Distillerie Castan (whisky Vilanova), à la rencontre de cette famille de distillateurs (bientôt 4 générations) et de son fondateur qui a fêté ses 100 ans.
Produits
Après Ben & Jerry’s x Whistle Pig, c’est au tour des rhums Saint James de faire parler d’eux au rayon glaces. La marque de rhum s’est en effet associée à La Manufacture des Belles Glaces pour une nouvelle « Rhum Raisins » disponible en GMS.
Pernod Ricard lance au Royaume-Uni une version pêche / framboise de Beefeater.
Hard Seltzer
Le rappeur Travis Scott a (lui aussi) lancé sa hard seltzer. Elle s’appelle Cacti et contient de l’agave.
Malgré cette hype, Karim Dubois (Paris Beer Club) fait le point et s’interroge plus généralement sur l’intérêt de la catégorie. Entre le sans alcool qui se développe et l’essor de boissons fermentées telles que la kombucha ou la ginger beer, quelle est finalement la cible de ces hard seltzers dont les qualités gustatives ne font clairement pas l’unanimité ? S’agit-il juste d’une solution facile de renflouer les caisses de quelques brasseries ? Ou plus pervers, d’offrir un moyen de s’alcooliser sans en avoir l’air (ou conscience) ? L’un dans l’autre, on serait loin du mouvement « boire moins, mais mieux ».
Brexit
La diversité des produits venant du UK risque-t-elle de s’amoindrir dans nos rayons ? Le Brexit pose en effet de vraies contraintes aux petits producteurs britanniques en vue d’exporter leurs produits en Europe. Les transporteurs sont actuellement frileux face aux complications administratives engendrées et refusent les petits lots des producteurs plus modestes (e.g. Elmegirab). L’envoi de palettes à l’unité de gin et whisky rencontre ainsi des difficultés bureaucratiques, les transporteurs préférant éviter ce tracas. Une situation à plus forte raison dure à vivre pour les Écossais qu’ils avaient voté massivement contre le Brexit (62% contre / 38% pour). Des ventes perdues qui tombent d’autant plus mal actuellement…
A notre niveau de consommateur sinon, Jean-François Briand (DG de La Maison Du Whisky) rassure : à défaut d’instauration de taxes supplémentaires sur les produits en provenance du Royaume-Uni, il ne devrait pas y avoir d’impact au niveau de nos portefeuilles (au-delà de quelques centimes par bouteille). Les problématiques d’approvisionnements actuelles seraient avant tout dues aux contrôles sanitaires renforcés face à la crainte du variant anglais du COVID-19.
💎 Clear Ice : pas si efficace ?
Jeffrey Morgenthaler a mené une expérience sur la clear ice : un gros cube ou une sphère de glace pure diluent-ils vraiment moins un whisky que plusieurs glaçons de plus petite taille ? Le résultat n’est apparemment pas aussi flagrant qu’on pourrait l’imaginer (ici : 42% d’eau ajoutée par la clear ice vs 48% pour les glaçons standards) et ça s’emballe donc vite dans ses commentaires pour applaudir cette démonstration et vilipender certains clients exigeants (aka les « Whiskeys Alphas »).
Cependant, j’aurai tout de même une grosse réserve à opposer à Jeffrey : la friction générée entre le liquide et les glaçons en conditions de dégustation. A chaque gorgée, à chaque mouvement du verre du comptoir à la bouche, la friction générée fera fondre davantage les petits glaçons que le cube ou la sphere de glace pure. Le tout sans compter l’incidence de la main du consommateur sur la température du verre, et la part croissante que prend l’eau des glaçons sur le whiskey à mesure que celui-ci est bu. Au final, l’eau ajoutée au whiskey sera exponentielle et l’expérience de dégustation exponentiellement détériorée. Tout cela, son expérience ne le prend malheureusement pas en compte. #my2cents
♻️ Consigne ou pas ?
L’industrie française des spiritueux dit non à la consigne du verre, telle que proposée dans le cadre de la loi Climat. Les principaux arguments avancés :
- Les problématiques logistiques dans la mesure où la filière est composée à 90% de PME / TPE qui n’ont pas les moyens de gérer cela (ie. récupérer les bouteilles, les nettoyer, contrôler leur état, etc.)
- La grande diversité de bouteilles proposées (800 marques et presque autant de flacons différents)
- Un paradoxe environnemental si la consigne implique de retransporter les bouteilles à travers toute la France (e.g. rapatrier une bouteille de Pastis 51 vide vendue à Lille jusque Marseille pour la remplir de nouveau)
Qui plus est : cette consigne ne concernerait pas les spiritueux étrangers, et d’ailleurs nos voisins européens (tels que l’Allemagne) qui ont réintroduit la consigne du verre ont exclu les spiritueux du dispositif.
Mais la réflexion pourrait ne pas s’arrêter là. En effet, le son de cloche est bien différent au Québec semble-t-il. Pour nos cousins, les vins et spiritueux feront partie des contenants consignés dès 2022, avec la participation de la SAQ (Société des alcools du Quebec) pour le coup.
🔢 Datas
Au niveau national
La valeur des exportations de Scotch whisky a chuté de £1,1 milliard en 2020 (soit -23% en valeur par rapport à 2019), ce qui amène le score de la catégorie à £3,8 milliards, son plus bas depuis 10 ans. En cause : la pandémie évidemment, ainsi que les taxes américaines discutées les semaines précédentes. En effet, les États-Unis sont son marché le plus important, et l’export de Scotch vers ce seul dernier a baissé de 35% suite à la mise en place de ces taxes en octobre 2019.
En France, les exportations de vins et spiritueux ont aussi baissé en 2020. D’après la Fédération des Exportateurs de Vins & Spiritueux de France (FEVS), cette baisse est de -13,9% en valeur (et -5,8% en volumes expédiés), tombant ainsi à €12,1 milliards, son niveau de 2016, alors même que les exportations françaises avaient connu cinq années de croissance ininterrompue. Là aussi, le mix pandémie et taxes américaines est en cause, dans la mesure où les USA sont pour nous aussi notre premier marché à l’export (devant le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Chine).
Sur ce dernier point d’ailleurs, les choses ne risquent malheureusement pas de s’arranger de sitôt : le gouvernement américain a décidé de ne pas revenir sur les dernières surtaxes imposées au vins et spiritueux européens.
Ceci étant, le secteur conserve sa place de second contributeur à l’excédent commercial de la France, avec un excédent de 11 milliards d’euros, derrière l’aéronautique avec €16,5 milliards d’excédent. Mieux, d’après César Giron (Président de la FEVS), si on déduit les aides accordées à l’aéronautique (€7 milliards tout de même), en réalité « ce sont les vins et spiritueux qui sont les premiers contributeurs nets à l’excédent commercial » 💯
Pour plus de détails sinon, par catégories (Cognac, Armagnac, Vodka, …) et pays de destination notamment, le dossier complet et sa présentation sont disponibles sur le site de la FEVS. Spoiler : seuls les Vermouths et les Apéritifs à Base de Vins ont bouclé l’année avec un solde positif (+9,9% en volume et +17,7 % en valeur).
Chez les marques et les groupes
Moutai, la marque leader de baiju, a vu sa valeur boursière doubler au cours des 12 derniers mois. Résultat, elle est aujourd’hui évaluée à $500 milliards (oui, milliards) !
Marie Brizard Wine & Spirits (William Peel, Sobieski, Marie Brizard, Maison Gautier) a publié son chiffre d’affaires 2020 : 168,4 millions d’euros (dont €75,8 millions en France), soit une augmentation globale de +2,5% malgré la pandémie (mais un recul de -3,3% en France par rapport à 2019)
Entre juillet et décembre 2020, Jameson a connu malgré le contexte une croissance de ses ventes de 3%.
Pour les cognacs Martell, la casse est limitée. La marque a écoulé 1,5 million de caisses de 9 litres dans le même laps de temps (juillet à décembre), et ses ventes n’ont finalement baissé que de 3% en volume lors du deuxième semestre de l’année 2020 (-6% en valeur).
Pour le propriétaire de deux marques, Pernod Ricard, le fléchissement des ventes au global est chiffrée à -3,9% (pour -2,4% en profits). Ces chiffres sont tout de même jugés encourageants par Alexandre Ricard et le groupe prévoit un retour à la croissance dès ces prochains mois.
Du côté de Hennessy, ce sont 94,6 millions de bouteilles qui ont été écoulées en 2020, ce qui correspond à une chute des ventes de -4,15% en volume et de -12% en valeur. Un moindre mal là aussi.
Pour Beam Suntory (Courvoisier, Sipsmith, …) enfin, le groupe rapporte des résultats de ventes en stagnation en 2020 (avec une baisse de 3% au premier semestre compensée au second).
☂️ Dry January : quel bilan ?
Malgré un succès médiatique évident, Dry January n’a pas forcément eu tous les effets escomptés dans la pratique : les ventes d’alcool ont certes baissé de 8% globalement en janvier, mais cela serait essentiellement dû aux fermetures dans le CHR (18,4 millions de litres perdus). En creusant côté GMS en particulier, on constate en effet que les ventes y ont augmenté ce premier mois de l’année (+5,9%), avec rien que pour le gin une progression de +28% par rapport à janvier 2020.
Ceci étant, le « No-Low » se fraie clairement un chemin chez les cavistes déjà (e.g. chez Drinks & Co). D’aucuns se verraient même bien capitaliser sur cette dynamique en imaginant les pubs anglais avoir l’autorisation de réouvrir en avril avec des offres exclusivement sans alcool.
📅 Agenda
Lauren Mote et Ryan Chetiyawardana (aka Mr Lyan) animeront ce soir à 17h, dans le cadre de la Diageo Bar Academy, une masterclass digitale dédiée aux cocktails sans alcool (ou low ABV et/ou sans sucre).
Vinexpo Paris aurait dû démarrer ce lundi 15 février. L’évènement se tiendra finalement les 14-15-16 juin prochain au Paris Expo Porte de Versailles.
👷 Jobs
Warenghem recrute un(e) distillateur(rice) pour intégrer son équipe de distillation du whisky single malt Armorik.
Note de service : comme pour la partie agenda, si vous avez connaissance d’autres offres de ce type, n’hésitez pas à me les faire suivre 🙂
C’est tout pour cette semaine. Merci d’avoir lu jusqu’au bout ! Si vous pensez que ça peut intéresser d’autres personnes dans votre entourage, n’hésitez surtout pas à soutenir le projet en partageant tout ça sur vos réseaux ! 🙂
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A très vite pour d’autres distil.news !