Au menu cette semaine : des femmes à l’honneur à nouveau, des distillateurs ambulants, une visite dans les coulisses de la fabrication d’alambics, de nouvelles initiatives de bars face au COVID-19, et un paquet de brèves comme toujours !
⚡ En bref
Côté marques et produits
Havana Club sort la semaine prochaine son premier épicé : Havana Club Cuban Spiced. Il titre à 35% vol. (pas de mention rhum donc) et sortira d’abord en Grande-Bretagne avant une distribution internationale.
Adriatico a dévoilé sa nouvelle ambassadrice de marque. Il s’agit de Marella Batković (ex- Le Syndicat notamment).
Citadelle lance une version « Jardin d’Été » de son gin. Elle intègre entre autres du melon et des agrumes, dont le yuzu.
Au UK, Hendrick’s invite 150 professionnels du bar à faire pousser un concombre (l’un de ses fameux ingrédients), en échange de quoi la marque de gin fera des dons à l’association The Drink Trust. Un compte Instagram dédié a été lancé pour l’occasion 🥒
Enfin, Pernod Ricard a annoncé un accord en vue de l’achat d’une participation majoritaire dans la marque de rhum colombien La Hechicera.
Côté e-commerce
Le Cognac Louis XIII a dévoilé son nouvel e-shop (au UK pour l’instant). On y trouve évidemment des infos sur la marque et ses produits, ainsi que la possibilité de personnaliser / graver sa bouteille.
Si vous n’avez pas les ressources pour bâtir ce genre d’expérience pour votre marque, une nouvelle plateforme nommée Bottl. pourrait présenter une alternative intéressante. Et pas que pour les marques d’ailleurs. Présentée comme un « suite de services pour les caves, leurs clients et leurs fournisseurs », elle permet notamment aux marques de communiquer auprès de centaines de cavistes en France, et à ces derniers de valoriser leurs vitrines ou de se créer simplement (et gratuitement) un e-shop afin de proposer du click & collect par exemple. Vincent Clabé-Navarre, fondateur de la plateforme, est passé sur BFM Business pour présenter tout ça.
Côté distilleries
La nouvelle distillerie du gin Citadelle (Maison Ferrand) devrait ouvrir ses portes à partir du mois d’avril ! Elle contiendra 9 alambics, utilisés au départ pour la fabrication du cognac, dont la plupart vieux de plus de 50 ans. (photo : Stéphane Charbeau)
G’Vine (Maison Villevert) a ouvert les portes de sa distillerie à France 3. Des images sympas pour se faire une idée plus concrète de leur unité de production.
L’occasion de rappeler tout de même que, contrairement à ce que le sujet pourrait suggérer, ce n’est pas une spécificité propre à G’Vine que de récupérer uniquement les cœurs de distillation… De nombreuses marques (ou leurs agences RP) mettent cela avant, comme si c’était exceptionnel. Or, en réalité, TOUTES les distilleries produisent leurs spiritueux à partir de leurs cœurs ! Sans quoi, on serait tous aveugles, si ce n’est morts… 💀
Je suis adepte de vulgarisation, mais à ce niveau c’est comme si on nous expliquait que Cristaline a pour spécifité d’être composée d’eau (sous-entendu : contrairement à tous ses concurrents du coup ?) 🤔
Bref, reprenons…
Côté santé
D’après une enquête auprès de 2892 personnes, le Pornstar Martini est le cocktail qui provoque les pires gueules de bois (NB : il ne s’agit pas d’une étude scientifique, hein 😉). Le Sex on the Beach arrive second et l’inévitable Long Island Iced Tea vient compléter le podium de ce « Cocktail Hangover Index », devant la Tequila Sunrise et la Piña Colada.
A consommer avec modération donc.
Et d’ailleurs, à l’instar d’Emmanuel Macron en France, les Etats-Unis réfléchissent à leur tour sur de nouvelles mentions sanitaires sur les bouteilles de spiritueux, en particulier concernant le lien entre alcool et certains cancers.
En effet, d’après une étude, 75 000 nouveaux cas de cancer chaque année aux USA seraient associés à l’alcool. Mais au-delà de ce chiffre, ce qui motive cette réflexion est que, bien que la communauté scientifique semble unanime sur le sujet, côté consommateurs en revanche : plus de 2/3 d’entre eux disent apparemment qu’ils ne voient pas le rapport.
Côté emplois
Début de reprise aux USA. En février, 3/4 des emplois créés (soit 286 000 sur 379 000) l’ont été dans le secteur de la restauration. Tout n’est pas résolu ceci dit : 2 millions de jobs y ont été perdus depuis février 2020.
Côté taxes
Lueur d’espoir pour le secteur vins et spiritueux français ! US et Europe sont tombés d’accord en fin de semaine dernière sur une suspension de leurs droits de douane réciproques pour une période de 4 mois.
Suite à la suspension de ces « taxes Airbus », la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux de France (FEVS) a publié un communiqué où elle indique notamment que cela « va apporter un réel soulagement aux exportateurs français de vins et spiritueux […] qui depuis 18 mois, subissent ces taxes injustes issues d’un conflit qui leur est étranger ».
Son président, César Giron, rappelle toutefois : « ce n’est que le début du chemin : il faut désormais transformer l’essai [et] trouver une solution définitive à cet interminable conflit sur l’aéronautique et ainsi, sécuriser nos entreprises sur le marché américain ».
Côté salons
Cocktails Spirits a sorti son premier Liquid Roadbook. Il consacre 216 pages au Japon, à la découverte de son patrimoine liquide (shoshu, umeshu, awamori, …), le tout illustré de très jolies photos de Philippe Levy.
👩 Les femmes à l’honneur
Lundi, il ne vous a certainement pas échappé, c’était la Journée internationale des droits des femmes. Ces dernières étaient ainsi particulièrement à l’honneur dans pas mal de publications. Voici un petit tour d’horizon de ces mises en avant côté spiritueux.
L’office de tourisme national écossais a par exemple dressé les portraits de femmes qui ont fait l’histoire du whisky, à l’instar de :
- Helen Cumming qui distillait du whisky illégalement à la Cardow Farm, avant que celle-ci ne deviennent la distillerie Cardhu,
- Elizabeth Leitch Williamson, la première et seule femme a voir géré une distillerie en Ecosse (Laphroaig en l’occurrence) au XXe siècle,
- Rita Cowan, une Écossaise considérée comme la « mère du whisky japonais » après qu’elle se soit installée au Japon dans les années 1920 et ait monté ce qui deviendra plus tard la distillerie Nikka
Et d’autres plus actuelles, telles que Rachel Barrie, master blender* chez BenRiach notamment, Kirsty Black (en photo), master distiller* chez Arbikie, Emma Walker, master blender chez Johnnie Walker et d’autres.
Pour sa part, Flaviar a mis en avant 10 marques de spiritueux dirigées par des femmes, comme le Tennessee whiskey Uncle Nearest de Fawn Weaver, les grappas Nonino (Italie) des soeurs… Nonino (pardi :)), le whisky français Brenne fondé par Allison Parc, et j’en passe.
Idem avec The Spirits Business qui a partagé 12 marques gérées par des femmes et proposé des portraits entre autres d’Annabel Thomas, fondatrice de la distillerie de whisky Nc’nean, Stephanie Jordan, ancienne ambassadrice de Tanqueray et co-fondatrice de la marque de Calvados Avallen, ou encore des jumelles Joyce et Raissa de Haas des tonics Double Dutch.
Le site a aussi mis la lumière sur des ambassadrices de marques, avec 10 d’entres elles telle que Antonia Conte (Jameson Italie), Kate Jackson (Ketel One UK), Nicola Riske (The Macallan), Georgie Bell (Bacardi), et d’autres.
La Revue du Vin de France s’est attardée pour sa part sur Eda Paulsen, la toute nouvelle présidente de Marussia Beverages, et ses ambitions pour le distributeur de Mamont Vodka, le single malt Torabhaig, l’Armagnac Clos Martin, etc.
🍹 Bars vs COVID
Côté politique
Le Scottish Hospitality Group (SHG) avait demandé au gouvernement écossais de produire des preuves de la responsabilité des bars et restaurants dans la propagation du virus COVID-19. Après un petit jeu du chat et de la souris, un courrier du gouvernement a finalement admis que les décisions de fermetures n’étaient en effet basées sur aucune étude sectorielle. De quoi remonter encore davantage le SHG contre ces mesures.
Sauf que…
Pendant ce temps, outre-Atlantique, le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) a publié une étude qui fait le lien entre la réouverture des restaurants et la hausse des cas de COVID-19… La National Restaurant Association a évidemment réagi, rappelant de son côté qu’il peut y avoir une marge importante entre une simple corrélation et un véritable lien de cause à effet.
Le débat risque de durer un moment encore malheureusement…
Côté solutions
Les bars sont fermés, et de facto donc, s’en est fini des guest-bartendings ? Pas tout à fait en réalité, puisque des bars se sont mis à vendre à emporter des cocktails d’autres de leurs collègues à l’étranger, et vice versa. Happiness Forgets (Londres), par exemple, a proposé des « guest cocktails » du Little Red Door (Paris) ou encore de The Dead Rabbit (New York) et du Clover Club (Brooklyn), tandis que ces derniers en ont fait de même avec une offre de « guest cocktails » du Happiness Forgets. Un moyen ingénieux de faire la promo de son établissement en attendant la réouverture des frontières.
Autre initiative, façon boomerang cette fois, une box Send A Negroni a été créée afin de pouvoir envoyer par voie postale le fameux cocktail à ses amis.
A Paris enfin, des nouvelles de deux bars :
- Divine propose des cocktails en livraison et prévoit l’ouverture de sa Buvette pour l’arrivée des beaux jours. Le bar proposera également une collection de cocktails embouteillés à emporter chez soi, ainsi qu’une « box apéro » afin de pouvoir garder le lien avec ses clients
- Bisou, l’autre bar de Nicolas Munoz, lance pour sa part pour la fin du mois Bisou. Café, soit une version du bar avec une offre à emporter tout d’abord, mais surtout dès que la situation le permettra, une ouverture 7j/7 de 8h à 2h avec une offre de cafés de spécialité, et des boissons qui allient mixologie et café. NB : Bisou reste sinon bien un bar à cocktail
🛠️ True craft
Bouilleurs de cru
Vous songez à une reconversion ? J’ai vu passer pas mal de portraits de distillateurs ambulants cette semaine. Et si ça vous titille, il y a sans doute des places à prendre : les bouilleurs de crus sont aujourd’hui entre 600 et 700 en France, soit deux fois moins qu’il y a seulement dix ans.
C’est pour le reste rarement très détaillé malheureusement, mais on y fait tout de même le point sur quelques éléments pratiques de ce métier, ce qu’il permet de faire ou non, et sous quelles conditions (fruits, licence, taxes, …).
Dans un de ces portraits, celui de Jean-Michel et Catherine Hamet en Bretagne, on traite d’ailleurs plus spécifiquement du coût de la pratique pour ses clients, et de ses modalités. Il faut ainsi compter 8,70 € par litre d’alcool pur produit, et ce jusqu’à « 1000 degrés » (soit 10L d’alcool pur – 10L à 100° théoriques -, qu’on peut répartir par exemple en 20L à 50% vol.). Au-delà de ces 10 premiers litres d’alcool pur, l’addition grimpe à 17,41€ par LAP.
Côté production, un autre bouilleur de cru, Olivier Durdon (Nouvelle-Aquitaine), indique qu’il faut compter 100kg de fruits pour obtenir 7 à 8 litres d’eau-de-vie à 50% vol. Puis, chaque chauffe dure deux heures environ (NB : il faut évidemment avoir mis tout ça à fermenter en amont).
Fabricants d’alambics
Dans un ordre d’idée similaire, et pour finir sur une note assez inédite, le Journal du Gers a dressé le portrait de la famille Chiaradia, distillateurs d’Armagnac devenus fabricants d’alambics à travers leur Société de Fabrication d’Alambics Armagnacais et Charentais (aka la SOFAC).
On y découvre la différence entre alambics armagnacais (distillation continue) et charentais (à double chauffe) et leurs fonctionnements respectifs. Mais surtout, l’article est illustré de nombreuses photos des différentes étapes de fabrication artisanale de ces jolies machines. C’est d’autant plus appréciable que nombre de fabricants cultivent plutôt le secret sur leurs ateliers et n’autorisent généralement pas ce genre de photos. A voir donc !
*Si quelqu’un saurait me dire le féminin en Français de « maître assembleur », « maître distillateur », etc. Je suis preneur.
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