Ce qui vous attend cette semaine : de quoi réinventer le Cuba Libre (façon Inception), des chiffres sur les consommateurs français de spiritueux, les coulisses d’une usine de bouchons, des éléments de réflexions sur le « whisky indien », du community management princier, une journée des spiritueux français, et même un troll…
⚡ En bref
Côté produits
Distillerie de Paris a sorti une nouvelle expérience originale : un spiritueux à base de soda 😮 Concrètement, il a s’agit de fermenter le sirop d’un très célèbre cola, distiller le résultat et le vieillir quelques mois en barriques !
William Grant & Sons a sorti une nouvelle marque de « rhum infusé » (aka « boisson spiritueuse à base de rhum ») : Secha de la Silva, dont la recette intègre une infusion de fèves de cacao et de grains de café.
Côté production
A seulement 25 ans, les affaires tournent bien pour Woodford Reserve. La distillerie prévoit en effet de doubler ses capacités de distillation afin de pouvoir soutenir la demande. Pour cela, elle va s’équiper de 3 nouveaux alambics pot stills et d’un nouveau bâtiment. Les travaux démarrent dès ce printemps et devraient s’achever pour l’été 2022.
De son côté, Beam Suntory a annoncé investir £6 millions pour restaurer la distillerie Glen Garioch. Les travaux ont démarré l’an dernier déjà et devraient aboutir dès cette année.
Après l’arrivée l’an dernier de son nouveau maître distillateur, Chris Fletcher, Jack Daniel’s a annoncé la semaine dernière la nomination de Lexie Philipps comme « Assistant Distiller ». Malgré plus de 150 ans d’histoire, c’est la première femme a occuper cette position dans la célèbre distillerie de Tennessee Whiskey ✊
Si vous souhaitez expliquer assez facilement (à vos clients, visiteurs, …) comment sont fabriqués les spiritueux (mais aussi le vin et la bière), j’ai découvert cette semaine sur le site Wine Enthusiast des petits guides visuels sur le sujet, en mode minimaliste. C’est simple et efficace.
A ce sujet d’ailleurs, on est généralement plutôt gâtés en contenus quand il s’agit de la production des spiritueux ou des bouteilles. Mais qu’en est-il des bouchons en liège qui permettent à tout cela de tenir ? Fred Minnick a publié un petit reportage qui nous explique comment ils sont fabriqués à travers les coulisses d’Amorim Cork, une usine spécialisée au Portugal. Fascinant !
On fait sa bière à la maison, ses cocktails à la maison, … Suite logique : brasser sa hard seltzer maison ? Il existe en tous cas déjà un kit pour cela.
Côté business
La contrefaçon de Cognac est une réalité en Chine. Mais elle n’en est pas moins punie. Dernier exemple en date : le meneur d’un réseau qui créait de faux Hennessy en leur substituant du Louis Royer et du colorant caramel s’est vu condamné à 15 ans de prison et une amende d’environ 232 000€.
Côté flacons authentiques, l’épargne des ménages a augmenté dit-on et certains en profitent sans doute pour placer tout ça dans de belles bouteilles de whisky par exemple. L’auteur Ian Buxton alerte cependant sur la bulle potentielle qui est en train de se former dans le domaine (ie. ça ne pourra pas monter indéfiniment), et rappelle au passage qu’à la base, le whisky est fait pour être bu. Sláinte! 🥃
Côté service
Sullivan Doh, que l’on connait notamment pour ses bars Le Syndicat et La Commune, a participé au podcast Bartender at Large afin d’y parler de sa carrière, de serveur de 19 ans à désormais « Global Brand Ambassador » du Cognac D’Ussé.
Après Amazon, UPS et d’autres, un restaurateur de Glasgow s’est à son tour essayé à la livraison par drone. A quand la tournée de Manhattan sous vide directement livrée à la fenêtre ? 😉
Côté THC
Avec un mouvement vers la légalisation de plus en plus fort (aux USA en particulier), « Big Alcohol » s’intéresse apparemment de plus en plus au marché du cannabis, où il place petit à petit ses billes. J’ai encore du mal cerner tous les tenants et aboutissants de tout cela (au-delà du caractère concurrentiel du secteur, et des potentiels $$$ en jeu), mais c’est certainement à surveiller. Si vous voulez creuser la question, SevenFifty Daily et The Fresh Toast ont abordé le sujet ces derniers jours.
Côté librairie*
Robert Simonson sortira le 6 avril son nouveau livre : Mezcal and Tequila Cocktails.
La semaine suivante (13 avril 2021), ce sera au tour de Tristan Stephenson (aka The Curious Bartender) de dévoiler un nouvel ouvrage, également bien dans l’air du temps : Cocktails at Home.
Enfin, le bar londonien The Alchemist a aussi un livre de recettes en préparation. The Alchemist Cocktail Book: Master the Dark Arts of Mixology paraîtra pour sa part le 6 mai prochain.
🔢 Datas
On a pas mal parlé des conséquences de la pandémie, et des taxes américaines sur les exportations de Scotch, mais le gin britannique aussi a bien été impacté en 2020. D’après les douanes, la baisse de ses exports s’estime à -25% (£100 millions de moins qu’en 2019). Prochain challenge à surmonter : l’entrée en vigueur du Brexit et son casse-tête logistico-administratif.
Campari Group a publié sa nouvelle vidéo institutionnelle. On y apprend que le groupe a réalisé €1772 millions de ventes nettes sur son exercice fiscal 2020, dont près d’un tiers via Aperol (19%) et Campari (10%).
SOWINE dévoilait récemment les résultats de son baromètre 2021 (une étude menée en décembre 2020 sur un échantillon de 1005 Français âgés entre 18 et 65 ans). Voici quelques-uns de ses chiffres concernant les spiritueux :
- 28% des français connectés suivent des influenceurs vins et spiritueux (vs 15% en 2019)
- 50% ont déjà réalisé un achat suite à une recommandation sur les réseaux sociaux (vs 37% en 2019)
- 40% sont attirés par la mixologie (33% en 2019). Chiffre qui monte à 53% chez les 18-25 ans
- 82% des sondés boivent du rhum (+3pts), 75% du whisky, 71% des liqueurs (+11pts) et 63% du Cognac (+13pts) – Bizarrement cependant, le gin est absent de l’étude (ou juste de la slide ?)
- 41% consacrent un budget entre 21€ et 50€ à leurs achats de spiritueux (vs 37% en 2019), et 5% (2,5 fois plus qu’en 2019) au delà de 50€
- 27% consomment des boissons « no-low », et particulièrement les plus jeunes (40% des 18-25 ans)
🖖 Community Management, Brand Content, UGC, Influenceurs et… Royauté !
Pernod Ricard a arrêté le community management classique au profit de nouveaux contenus de marques. Cécile Milesi, consumer connection director (🤔) du groupe a notamment expliqué dans une interview sur La Réclame : « Avec le community management, nous ne suivions pas les bons indicateurs : les likes, les commentaires, etc., l’interaction ne se résume pas à ça. […] Développer un savoir-faire créatif nous a prouvé qu’il valait mieux se concentrer sur une création de grande qualité et raconter une histoire, plutôt que de déployer une stratégie d’occupation de terrain en multipliant les messages moins significatifs ». Quelques exemples à date : des spots pour Ballantine’s et G.H. MUMM, et pour résultat des contenus apparemment moins nombreux, mais davantage regardés jusqu’au bout.
D’ailleurs, toujours chez Pernod Ricard, un exemple de contenu qui n’a pas pris une ride malgré le temps qui passe : la première campagne print d’Absolut Vodka, lancée en 1981, qui a connu tellement de succès qu’elle a été enrichie durant les 25 années suivantes (et notamment par Andy Warhol himself). Ce faisant, la marque est apparemment passée d’une part de marché de 2,5% à plus de 50%…
Dans un registre similaire, et toujours plus fort que le community management, l’entrepreneur Noah Kagan s’est intéressé cette semaine sur sa chaîne YouTube au business des spiritueux de stars. A savoir : comment ces égéries parvenaient à attirer les projecteurs sur leurs marques et la valeur qu’elles pouvaient engendrer pour celles-ci. De Conor McGregor (Proper Twelve) à Diddy (Ciroc) en passant par Ryan Reynolds (Aviation), George Clooney (Casamigos), The Rock (Teremana) et Michael Jordan (Cincoro), qu’on aime ou non, les chiffres sont assez affolants et leur donnent plus que raison.
De son côté, le prince Charles (le community manager de la Grande-Bretagne) a adressé un message vidéo de soutien à la communauté de l’hospitalité britannique, évoquant son admiration pour ses travailleurs, et soulignant notamment son poids incontestable dans l’économie nationale, tant en taxes perçues (£39 milliards) qu’en revenus touristiques (£24 milliards). Il rappelle également que lorsque la crise sanitaire sera passée : « nous savons exactement vers qui nous devrons nous tourner pour célébrer » 🍻
Sur ce dernier point d’ailleurs, les chiffres semblent lui donner amplement raison. Une étude de l’université Sheffield Hallam indique en effet que 39% des personnes interrogées (et même 66% des 18-24 ans et 55% des 25-24 ans) prévoient de sortir encore davantage dans les bars et restaurants une fois toutes les restrictions levées.
Moins princière sinon, je suis aussi tombé sur une autre approche du community management et des messages d’affections envers les personnels du secteur de l’hospitalité. La Beale’s Brewery en Virginie a en effet développé une vision très personnelle de ses UGC (user generated content). La brasserie avait reçu un email incendiaire d’un de ses clients en mars 2020, après que son staff ait refusé de le servir pour défaut de port du masque dans sa taproom. Le message (ou troll) en question, « your manager is bitch », est désormais repris sur les cannettes d’une de ces bières. Bel hommage 🙂
Plus proche de nous enfin, il y avait samedi Nikos Aliagas, et surtout JoeyStarr, qui ont joué les ambassadeurs pour Habitation Clément en Martinique dans l’émission 50′ Inside (cf. à partir de 24:30)
🥃 Whisky indien ?
Après la définition du whisky japonais, qu’en est-il de celle du whisky indien. En effet, la question est légitime : tout « whisky indien » est-il véritablement indien ? Ou simplement même du whisky ? Le journal indien Mint a posé la question et pointe au passage quelques spécificités du marché indien. Voici un peu de matière à réflexion pour aller au-delà de notre prisme européen :
- A l’heure actuelle en Inde, le « whisky » peut contenir de l’alcool neutre (et pas forcément d’origine céréalière d’ailleurs)
- L’Inde est un marché avec une telle disparité de revenus que, si d’un côté il est nécessaire de poser des standards assez forts comme en Europe (que les grosses marques telles que Paul John, Amrut ou Rampur s’appliquent déjà), il ne faudrait pas non plus négliger d’autres tranches de revenus qui ne pourraient y accéder. Une certaine souplesse pour des « whisky-inspired spirit » n’y serait dès lors pas totalement illégitime
- La variété des micros-climats en Inde amène une grande variété de vieillissements selon les régions, et un whisky indien vieilli dans des conditions tropicales pendant 3 ans pourrait en quelque sorte être comparé à un 12 ans écossais (c’est évidemment un gros raccourci, mais qui souligne combien « nos » règles peuvent être compliquées à mondialiser)
Du coup, je me demande : quelqu’un s’est-il déjà risqué à tenter de produire du whisky dans les Caraïbes par exemple ? Si vous avez des infos : faites-moi signe 📨
📅 Agenda
Les Whisky Magazine Awards 2021 se tiendront ce jeudi 25 mars à 17h en live sur Facebook et YouTube.
Le salon itinérant Rooms & Spirits, dont la première étape doit se tenir les 10 et 11 avril prochain à Montpellier, a dévoilé la liste de ses exposants.
Côté digital enfin, une initiative très sympa se prépare pour le 31 mars : la Journée des Spiritueux Français. L’occasion de soutenir nos producteurs en mettant en avant sur les réseaux (et notamment Instagram) ses bouteilles de Calva, Cognac, Armagnac, Whiskies / Gins / Rhums et autres apéritifs français 🐓
C’est tout pour cette semaine. Merci d’avoir lu jusqu’au bout ! Si vous pensez que ce contenu peut intéresser d’autres personnes dans votre entourage, n’hésitez surtout pas à soutenir le projet en partageant tout ça sur vos réseaux ! 🙂
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