Mi-juillet, j’ai eu l’immense plaisir de me rendre à mon tout premier Tales of the Cocktail, cet évènement qui réunit à la Nouvelle Orléans, chaque année depuis 2003, tout le gratin de notre chère industrie alcoolière (bartenders, brand ambassadors, marques, producteurs, journalistes spécialisés, et autres amateurs de boissons mélangées). De ces cinq jours intenses entouré de ce qu’il se fait de mieux dans le domaine, je garde de fabuleux souvenirs et une expérience que tout « cocktail enthusiast » qui se respecte se doit de vivre un jour. De « Tales virgin » à wannabe « Tales veteran », voici mon humble petit retour d’expérience dans ce qu’Adam Rogers nomme à juste titre « la Comic Con de l’alcool » … 🙂
Si vous vous êtes déjà rendu aux Cocktail Spirits, Rhum Fest, Paris Cocktail Festival, Omnivore ou Whisky Live (ou prochainement France Quintessence, etc.), imaginez un peu : vous étendez l’un de ces évènements sur 4, voire 5 jours, le tout à l’échelle d’un quartier, voire d’une ville (NoLa en l’occurence), vous multipliez le nombre de séminaires par 10 (ou même davantage, c’est juste hallucinant), vous l’agrémentez de soirées épiques, de pool parties sur le toit d’un hotel, d’une cérémonie de remise des prix façon Oscar et cie, et vous aurez une petite idée de ce dont il s’agit. De ce marathon 2015 au coeur de l’évènement, je vais à présent tenter de vous en décrire chaque aspect.
Les tasting rooms
Bon, autant vous le dire tout de suite. Une fois que vous avez réglé votre avion et votre logement plus quelques séminaires, vous n’aurez quasiment plus à débourser le moindre centime. Les tasting rooms (accessibles gratuitement dès lors que vous avez pris des tickets pour des séminaires, cf. plus bas) s’enchaînent dès le matin et, outre les cocktails, on y trouve fréquemment à manger (en quantité et en qualité !). C’est l’occasion de tester en long et en large des portfolios entiers de groupes tels que Pernod Ricard (Plymouth, Absolut, Martell, Jameson, …), Diageo (Tanqueray, Bulleit, Dickel, Zacapa, Crown Royal, …) ou William Grant & Sons (Hudson, The Balvenie, Sailor Jerry, Drambuie, Reyka, …), mais aussi quelques marques plus confidentielles qui ont fait le déplacement, le tout généralement décliné en cocktails comme vous l’aurez sans doute deviné, ou de manière un peu plus pédagogique comme l’ont fait Everclear et Ted Kilgore en suggérant des idées d’infusions etc. à réaliser chez soi. Il y a donc de quoi faire plus que de raison et on regrettera juste que l’organisation n’a pas prévu de crachoirs, ce qui oblige a faire des choix parfois drastiques. Même avec une stratégie consistant à ne goûter qu’une gorgée de tout ce qui vous est proposé (c’est à dire des litres, littéralement !), il est probable que vous soyez HS dès 14h si vous n’êtes pas vigilants. A noter sinon que sur la plupart des stands, et face au volume de verres servis, les cocktails sont tous pré-batchés et il est donc malheureusement parfois impossible de demander à goûter pur l’un des alcools mis en avant.
Les séminaires
Ils se comptent par dizaines, répartis entre l’Hotel Monteleone et le Royal Sonesta, et s’enchaînent l’essentiel de la journée, à raison de 3, 4 ou 5 simultanément. Il faut donc faire des choix mais il y a de quoi satisfaire tous les geeks et nerds de l’industrie. Avec des sujets variés allant du technique (la distillation, la fiabilité des jiggers, la photographie de cocktails, …) aux discussions sur le métier de bartender ou l’ouverture d’un bar, le développement durable, l’histoire de certains cocktails (e.g. le Last Word, le Sazerac, …), etc. en passant par des tastings d’exceptions ou des échanges sur des produits spécifiques (e.g. l’agave, la tourbe, le cognac, …), ce sont des mines d’informations incroyables. Pour ma part, j’en aurai fait que 3 et c’est sans doute mon plus grand regret tant il y avait à faire : How spirits age (notre résumé ici), The Manhattan and the perfect bitters (avec Dale DeGroff) où nous avons pu tester 5 manhattan avec 5 bitters différents (à essayer chez vous si vous en avez l’occasion, c’est très intéressant comme comparatif) et On creating cocktail citrates and elixirs (sur des alternatives au jus de citron moins périssables, et notamment utilisables pour les cocktails servis à la pression). Côté coût, il faut compter au moins 55$ pour chaque séminaire ce qui peut constituer un budget très conséquent, même s’ils sont conduits par l’élite de la profession (e.g. David Wondrich, Ryan Chetiyawardana, Julie Reiner, Jack McGarry, Allen Katz, Alexandre Vingtier, Simon Ford, Dave Arnold, Jared Brown, Greg Boehm et plein d’autres).
Les déjeuners et autres brunchs, apéros, etc.
Certaines marques organisent des déjeuners (voire des petits-déjeuners) ou des apéritifs. A l’instar des tasting rooms, ils sont l’occasion de se poser, découvrir des lieux clefs de la Nouvelle Orléans tout en dégustant des cocktails conçus spécialement pour l’occasion par les grands noms de la profession (e.g. les cocktails Jägermeister dont on vous a parlé récemment ici et là, ou ceux à base de Monkey 47). D’autres marques ont également investis des lieux aux charmes uniques le temps d’un pop-up bar exceptionnel. On pense notamment à la charmante Napoleon House, transformée le temps d’un après-midi en Pernod Absinthe House et où officiaient Joseph Biolatto (Baton Rouge), Nico de Soto (Mace, NY), Rémy Savage (Little Red Door) et Sullivan Doh (Le Syndicat), ou encore l’Elyx House non loin de là qui pendant 3 jours a servi des cocktails à base d’Absolut Elyx dans la verrerie la plus incroyable qui soit (Ananas ou hiboux en cuivre qui pesaient certainement plus d’un kilo à vide !), le tout au son d’une musique jazz interprétée live, à l’image de ce qu’ont pu proposer également Grey Goose ou St Germain dans sa French Embassy.
Les soirées et autres pool parties
La piscine situé sur le rooftop de l’Hotel Monteleone accueillait quotidiennement des pool parties, comme par exemple celles de Redemption (rye whiskey) ou encore celle d’Angostura. De quoi déguster de nouveaux cocktails tout en faisant trempette et en prenant un bon bain de soleil. Et si après tout ça il vous en restait sous la patte, il ne restait plus qu’à vous préparer pour les soirées épiques à venir : de la Welcome Party de Pernod Ricard à la soirée William Grant & Sons en passant par la Backyard Party de Diageo pour n’en citer que quelques-unes, le choix est simplement démentiel et le show à tous les niveaux, du lieu choisi aux animations, en passant par les marques et drinks proposés. Imaginez des portfolios entiers réunis en un même et gigantesque endroit où vous pouvez naviguer comme bon vous semble entre les dizaines de marques et cocktails proposés, le tout sous la houlette d’un DJ Stormtrooper ou d’un groupe de reprises vintage. C’est juste exceptionnel. Et quand ce ne sont pas les marques qui s’affrontent à coup de soirées respectives, ce sont carrément les bars. Le Bar Fight Club organisé par The 86 Company et Del Maguey Mezcal a ainsi réunit à l’occasion d’une soirée grandiose, les équipes de la Candelaria (Paris), de l’Aviary (Chicago), du White Lyan (Londres), de l’Extra Fancy (Brooklyn), de l’ABV (San Francisco), du Black Pearl (Melbourne), et du Pastry War (Houston), chacun proposant sa carte et laissant le public voter pour son préféré. Immense coup de coeur pour ma part pour le White Lyan, connu pour ses cocktails sans glace ni jus de citrons, réfrigérés en bouteilles et servis sans garnitures (ou juste un spray), mais avec précision au poids (!) à l’aide de balances de cuisine digitales…
Si ce billet vous a plu, je vous donne RDV dès lundi pour la suite (au programme : les compétitions, le shopping, les Spirited Awards, le Distillery Day, mon bilan et quelques conseils si vous voulez vous y rendre lors d’une prochaine édition !). Edit : la deuxième partie de l’article est en ligne, RDV ici !